En 2020, nous avons initié un nouveau programme de mentorat, Intercultur’elles, conçu pour les femmes réfugiées et demandeuses d’asile engagées dans un processus de remise d’études ou insertion professionnelle. Le programme avait pour ambition de promouvoir l’inclusion et l’égalité de genre à travers la mise en relation des femmes et la création de réseaux. 

Suite à une première session pilote réussie, Intercultur’elles poursuit sa route au sein des programmes offerts par UniR !

Une initiative #GénérationÉgalité

Né suite à 18 mois de recherche dans le cadre de notre étude sur les défis rencontrés par des femmes réfugiées dans leur insertion socio-économique, le mentorat fait partie de notre projet de recherche-action. Pour offrir des solutions à ces défis, nous avons complété notre programme d’accompagnement global avec la mise en place d’Intercultur’elles. Lancé en avril 2020 et labellisé initiative #GénérationÉgalité par l’ONU Femmes France, ce programme réunit des femmes locales et femmes réfugiées et demandeuses d’asile afin de créer un espace d’échanges interpersonnelle et interculturelle pour travailler sur des objectifs spécifiques.

Les valeurs d’Intercultur’elles

Intercultur’elles se présente comme un dispositif d’accompagnement adapté aux besoins des femmes, composé par des valeurs indétachables les unes des autres :

  • Établir une reconnaissance mutuelle : Notre vision du mentorat s’appuie sur l’apprentissage mutuel entre le binôme, mentore et mentorée. Pour le rendre possible, nous favorisons une approche horizontale dans la méthodologie du travail. 
  • S’engager rigoureusement à être ouverte et inclusive : Afin de garantir une bonne relation lors du mentorat, chaque participante doit faire preuve d’une ouverture d’esprit vis-à-vis de l’autre. Nous privilégions l’inclusion grâce au partage des cultures et d’expériences.
  • Éviter les généralisations et l’homogénéisation des besoins : Les généralisations et le postulat d’une homogénéité des besoins d’un groupe de personnes conduit souvent à des stéréotypes, qui peuvent à leur tour engendrer des pratiques discriminantes, parfois même sans s’en rendre compte. Dans ce sens, le mentorat met ainsi en œuvre une approche basée sur le genre, l’intersectionnalité et l’interculturalité afin de construire une réelle inclusion, tout en combattant les discours oppressifs.

18 participantes, 9 binômes, 3 axes 

La première session d’Intercultur’elles a réuni 18 participantes, réparties en 9 binômes. D’avril à novembre, les participantes ont suivi un cursus de mentorat basé sur les 3 axes du programme :

  • Les rencontres individuelles. Durant la période de mentorat, les binômes se sont rencontrés au moins une fois par mois pendant au moins une heure pour travailler sur des objectifs définis ensemble. Compte tenu de la diversité des parcours des mentorées, le cadre du programme mis en place est individualisé pour chaque binôme afin de répondre à leurs différents besoins. Elles ont également reçu un guide de mentorat conçu pour le programme, visant à apporter des ressources et de fiches pratiques pour réaliser le mentorat, et informer sur les droits des femmes réfugiées et demandeuses d’asile.
  • La formation. Les participantes ont été formées par des organisations expertes à l’acquisition d’une base commune de connaissance sur l’intersectionnalité du genre et de la migration, et sur l’interculturalité, afin de concevoir un mentorat efficace, permettant aux binômes d’atteindre leur plus haut potentiel.
  • Les ateliers collectifs. Les mentorées ont participé aux ateliers collectifs mensuels afin qu’elles puissent avancer sur leurs projets ensemble et créer un espace de rencontre. Menés par des experts, les participants ont pu apprendre et travailler sur : le pitch professionnel, la santé sexuelle, la rédaction d’un CV et lettre de motivation, les techniques de recherche d’emploi, l’organisation, la gestion de temps, et le bilan de leur expérience de mentorat.

Un mentorat adapté, face à la crise sanitaire 

Si la création d’un réseau pour renforcer les liens avec la communauté d’accueil est un besoin d’ordinaire exprimé par les femmes primo-arrivantes, l’impact de la crise sanitaire a confirmé le besoin de créer des liens et de promouvoir la mixité sociale. 

Malgré les restrictions sanitaires que nous avons vécu cette année, le programme du mentorat s’est parfaitement adapté pour se dérouler en ligne, et est même devenu un véritable moyen de lutter contre l’isolement des personnes vulnérables en cette période particulière.

« Le confinement n’a aucunement été un obstacle à nos riches échanges et nous apprenons l’une de l’autre sur nos cultures, nos études, nos familles dans la bienveillance et la curiosité permanente”, a confié une mentore de la première cohorte. 

“Le programme Intercultur’elles m’a aidé à savoir plus en détail dans ma vie professionnelle comment fonctionne le pays où je me trouve actuellement, comment puis-je identifier mes positions en fonction de ma situation et m’orienter vers des opportunités,” constate une mentorée du programme. 

Les réussites de cette année 

  • Globalement, nous avons constaté que les 18 femmes participantes étaient satisfaites du programme et qu’elles avaient trouvé utile qu’il soit adapté pour le poursuivre en ligne pendant les périodes de confinement
  • Les sujets travaillés en binôme étaient très variés et comprenaient non seulement l’élaboration de projets universitaires et professionnels, mais aussi l’apprentissage des normes sociales, le partage des cultures et l’intégration socioculturelle, ainsi que l’apprentissage de la langue et de la confiance à travers l’expression orale. Ainsi, certaines participantes ont indiqué avoir gagné en confiance en elles grâce à cette expérience et aux liens développés avec leurs mentores.
  • Grâce au travail effectué tout au long d’Intercultur’elles, les mentorées ont pu bénéficier d’un accompagnement vers la reprise d’études. Sur 9 mentorées, 6 ont candidaté à un programme universitaire pendant le programme de mentorat, pour 3 retenues. Grâce à ce programme, et sous une perspective de genre, 27% de personnes accompagnées vers la reprise d’études par UniR étaient des femmes, contre 2% en 2018. 
  • Les binômes se sont retrouvés 1 fois par mois pendant les 6 mois de mentorat, donc plus de 50 rencontres entre binômes au total. De plus, presque 50% des mentorées ont indiqué qu’elles souhaitaient rester en contact avec leur mentore après le programme.
  • Parmi les 6 ateliers collectifs réalisés, la plupart des femmes ont préféré ceux qui portaient sur la santé sexuelle et l’organisation et la gestion du temps. Cela confirme encore la nécessité de leur fournir autant d’outils professionnels et académiques que sociaux et personnels. Les intervenantes incluaient plusieurs mentores du programme, des collaboratrices de Société Générale, la directrice et fondatrice d’UniR Camila Ríos Armas et l’association FARDA.
  • Suite aux 3 modules de formation, avec les intervenantes du Centre Françoise Minkowska et le cabinet d’Esfand, les mentores ont exprimé avoir une vision plus positive des migrations et plus de visibilité sur les réalités des femmes exilées. Ce pan du mentorat nous confirme ainsi la cohérence et l’utilité des connaissances transmises pour renforcer les relations entre les nouvelles arrivantes et la communauté d’accueil. 

Ma mentore a un parcours professionnel qui m’a beaucoup inspiré et aidé pour définir mes propres projets,” une mentorée a partagé.

Le programme Intercultur’elles se développera et s’améliorera à la fois qualitativement et quantitativement

Pour l’année 2021, notre objectif reste inchangé : contribuer à l’inclusion socio-économique des femmes réfugiées et demandeuses d’asile en France à travers la mise en valeur de leurs expériences académiques et professionnelles.

  • Nous avons pour but d’augmenter le nombre de participantes afin d’agrandir le réseau des femmes réfugiées et demandeuses d’asile et locales. Nous organiserons donc 2 sessions de mentorat par an, avec 15 binômes par session. 
  • Dans ce cadre de travail, nous avons créé des liens avec plusieurs structures dans l’animation d’activités. Ces précieuses collaborations permettent aux participantes d’avoir accès à une pluralité d’informations, activités et opportunités. Nous intégrerons plus de structures l’année prochaine, afin promouvoir la fédération des connaissances, des expériences et bonnes pratiques liées au genre et la migration. 
  • A court terme, nous répondons aux besoins liés aux effets directs du COVID-19 en développant plus des ressources dans le guide du mentorat, afin de mettre en avant des bonnes pratiques et des outils numériques pour créer des liens durables et des relations de confiance à distance entre binômes.
  • À travers ce projet, nous alignons et contribuons à notre échelle à la démarche nationale pour l’égalité femmes-hommes. En ce sens, nous continuerons à développer nos actions liées à la déconstruction des stéréotypes et de la stigmatisation des personnes réfugiées et demandeuses d’asile avec la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation qui aura lieu tout au long de l’année.   

Un grand merci à toutes les femmes qui ont participé à notre programme et à la construction d’une société plus inclusive et plus accueillante ! 

Vous souhaitez participer à la prochaine session qui aura lieu de février à août 2021 ? Candidatez via les formulaires ci-dessous avant le 24 janvier 2021 :

Des questions ? Contactez nous à mentorat@uni-r.org